Denis Darzacq

Si Mallarmé échoue ici l’agonie d’un cygne quand l’oeil rencontre chaque mot, Darzacq lui, éprouve le bel aujourd’hui. Le photographe secrètement marionnettiste étire les corps, les manipules, et finalement les dépose, pour mieux en libérer le souffle. Là où la lumière souligne, la forme surgit comme extraite, sans contrainte puis libre. Hantée par le temps comme pris par les glaces , l’image elle, ne se délivre plus. Les chutes sont silencieuses. Emmanuel Berry, 2017
#Hyper, La Chute, Act 1, Act 2, Doublemix

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui.

Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

Mallarmé